Jouissance de la monotonie

La monotonie est un terme très négatif: " Comment aimez-vous votre nouveau travail? " Réponse: " Le travail est obscur et monotone, je vais chercher quelque chose de plus varié! "

La première fois que j'ai remarqué que la monotonie peut être quelque chose de très beau, c'est quand j'ai participé à une expérience dans le cadre d'une formation à l'Université de Zurich il y a environ 30 ans. L'expérience s'appelait "La fabrique de papier colorée" ou quelque chose comme ça, et était menée par une employée de l'Institut de psychologie du travail. Nous avons été divisés en deux entreprises, chaque participant a reçu une fonction, il y avait un grand organigramme sur le mur, et nous attendions avec impatience les premières commandes. Puis, petit à petit, c'est devenu une commande de 10 éoliennes en rouge. Les " éoliennes " sont des objets pliés à partir d'une feuille que l'on peut attacher à un bâton et faire tourner au vent. La blague de l'exercice était que nous étions forcés d'avoir une division extrême du travail. Quelqu'un a compté le bon nombre de feuilles de la couleur voulue et a continué à tendre la pile. La personne suivante a fait le premier pli en diagonale et a passé le papier. Il s'agissait donc d'une simulation de travail à la chaîne d'assemblage, comme on l'avait fait au début de l'industrialisation.

Ils nous ont fait travailler comme ça pendant environ deux heures, les tâches devenaient de plus en plus importantes et complexes, 20 éoliennes en rouge, 20 en vert et 10 en bleu, et chacun d'entre nous a fait sa main. Une fois l'exercice terminé, et les éoliennes ont presque atteint le plafond, on nous a interrogé sur ce que nous ressentons. La plupart décrivaient des sentiments négatifs d'impuissance, de stress, et l'impression de n'être qu'un petit rouage dans une grosse machine. Mais il y avait aussi des commentaires positifs comme: " Je pouvais juste éteindre et mes mains ont fini par déclencher la poignée automatiquement.

Lors d'une visite de l'entreprise Bernina à Steckborn, quelques années plus tard, le PDG qui nous a fait visiter nous a dit la même chose: le travail consiste essentiellement à visser des pièces pour les souder, puis à les transférer. Plusieurs tentatives ont été faites pour briser la monotonie avec Job Rotation et autres, mais j'ai découvert que les femmes (la grande majorité des employés étaient des femmes à temps partiel) ne le souhaitaient pas du tout. Ils aimeraient, d'année en année, exécuter les mêmes gestes et se parler. Pour eux, l'activité ressemble à du tricot, qui consiste en grande partie à exécuter toujours les mêmes gestes.

Appliqué à la plongée libre, il y a quelques formes d'entraînement qui sont également basées sur le principe de la monotonie. Aujourd'hui, j'en ai encore une dans le cadre de mon entraînement du jeudi à Wiesendangen. Il s'agit d'une petite piscine couverte avec 4 pistes de 16.6m (1/3 de 50m) de long. La plupart du temps, nous faisons un entraînement très varié avec des étirements sur le bord du bassin, puis statique avec des poumons vides, puis la plupart du temps une immersion individuelle et ensuite des exercices communs comme par exemple DYN-STA-DYN avec des temps statiques progressivement plus longs. Enfin, souvent des éléments ludiques tels que le rampage ou la plongée à travers des sottises ou le coup d'aileron de vitesse à la surface.

Mais parfois, je viens à l'entraînement et je n'ai pas envie de jouer, d'échanger ou de parler, mais je veux juste suivre mes trajectoires tranquillement. Aujourd'hui encore, nous avons parcouru des kilomètres en deux pendant que le reste du groupe faisait son entraînement. " Plongée sous-marine " n'est rien d'autre que de plonger 100 longueurs à 16,6 mètres, ce qui équivaut à peu près à un mille anglais. J'ai fait l'exercice aujourd'hui, qui dure environ une heure, de telle sorte que j'ai toujours fait des unités doubles de 10 longueurs. D'abord 20 longueurs individuelles de 16.6m avec de courtes pauses (un entraînement CO2) et ensuite 10 doubles longueurs de 33.2m avec 30 secondes de pauses.

Lors de cet entraînement, j'ai un calme et une sérénité dans les 10 premières minutes que je n'obtiens pas avec d'autres formes d'entraînement. Je ne pense à rien, je sens le haut et le bas des nageoires (j'ai fait l'exercice aujourd'hui avec les bifins) et je bobine ainsi longueur après longueur. Dans cet exercice, je me concentre d'abord sur l'exécution correcte des séquences de mouvement, c'est-à-dire que mes nageoires ne s'écrasent pas et que je fais la même amplitude de mouvement vers le haut et vers le bas. Au bout d'un moment, mon corps devient simple, mon cerveau fait tourner l'image, et avant que je ne m'en aperçoive, l'heure est écoulée et j'ai 100 longueurs derrière moi.

Astuce de ma part: achetez-vous un (ou plusieurs) de ces compteurs, ou compteurs manuels, et vous épargnerez l'effort intellectuel de compter et de garder le nombre de doubles longueurs que vous avez déjà derrière vous. Vous pouvez obtenir ces compteurs sur eBay ou en envoi direct depuis la Chine pour un pain au beurre. Dans l'environnement humide dans lequel nous évoluons, ils ne durent pas éternellement (mon moderne après l'entraînement humide dans le sac de plongée), mais ils durent quelques années jusqu'à ce que l'engrenage, rongé par le chlore et la rouille, s'éteigne.

Peut-être avez-vous envie d'essayer cette forme d'entraînement et trouvez-vous du plaisir dans la monotonie? J'aimerais beaucoup que vous partagiez vos expériences avec moi et mes lecteurs dans les commentaires.